Les conditions de vie des étudiant.e.s sont au centre des campagnes menées par la FEF. Or, dans les Écoles Supérieures des Arts, la situation devient de plus en plus alarmante. Seize ESA, chacune comportant des caractéristiques bien spécifiques, existent en Fédération Wallonie-Bruxelles. Plus de 8.000 étudiant.e.s ont choisi d’y entamer leurs parcours dans le supérieur.
Les écoles d’art sont souvent décrites comme le « parent pauvre » de l’enseignement supérieur belge francophone, dont les besoins ne sont pas souvent pris en compte. En effet, de par la grande spécificité des cursus proposés, leurs nécessités varient fortement d’un établissement à un autre (un.e étudiant.e en arts visuels n’aura pas besoin du même matériel qu’un.e musicien.ne,…). La situation des infrastructures, bien que n’étant pas nouvelle, continue de faire réagir.
Le cas du Conservatoire Royal de Bruxelles est symptomatique de la situation : les bâtiments sont tellement insalubres et délabrés que la qualité de l’enseignement est remise en question. L’état de délabrement est tel que la santé et la sécurité des étudiant.e.s sont à risque. Ce cas est le plus médiatisé mais, malheureusement, il n’est pas unique.
Des bâtiments non adaptés
En fait, la majorité des Écoles Supérieures des Arts se retrouve dans une situation semblable : les salles de cours ne sont pas assez nombreuses et pas adaptées ; le matériel, quand il est présent, est usé ou trop ancien ; le rythme de travail infernal a également de lourdes conséquences sur l’état des étudiant.e.s, … Il est urgent d’agir ! Au premier quadrimestre, dans le cadre de sa campagne sur les conditions de vie des étudiant.e.s, la FEF a fait circuler une enquête auprès des étudiant.e.s en ESA, de manière à mieux connaître leur ressenti vis-à-vis du cursus qu’ils/elles ont entrepris.
Les constations concernant les infrastructures sont sans appel : près de 60% des étudiant.e.s interrogé.e.s estiment que les bâtiments dans lesquels ils/elles évoluent au jour le jour ne sont pas adaptés à leur formation. Cela signifie, par exemple, que les salles de répétitions pour les musicien.ne.s ne sont pas assez nombreux et/ou pas bien insonorisées, alors qu’il est pourtant essentiel qu’ils/elles puissent travailler à l’école car tou.te.s n’ont pas la possibilité de le faire chez eux/elles, qu’ils/elles soient kotteur.euse.s ou non.
Un autre exemple est celui des ateliers en arts visuels, où des problèmes de chauffage (une température trop basse ou trop élevée) sont légions et dans lesquels s’entassent souvent un nombre trop grand d’étudiant.e.s, qui doivent jouer des coudes pour une portion de table, afin de travailler sur leurs projets. Souvent, les bâtiments ne sont pas ouverts hors des heures de cours, alors que cela serait nécessaire ; le gros du travail en ESA se faisant en dehors de celles-ci et nécessitant un matériel spécifique, souvent coûteux. Il est enfin important de noter une nouvelle fois que l’état des infrastructures est souvent très mauvais, menaçant parfois la santé des étudiant.e.s et du personnel académique et administratif (avec des murs, par exemple, qui menacent de s’écrouler, des moisissures,…). Quand des budgets sont débloqués et des travaux prévus, ceux-ci mettent parfois trop de temps avant de débuter.
Des études artistiques, mais à quel prix ?
Le coût, élevé, des études artistiques est également mis en lumière par le travail de la FEF. La pratique d’une ou plusieurs disciplines artistiques nécessite de disposer d’une certaine quantité de matériel spécifique : d’un studio photographique, de peinture, papier, tissus, … L’acquisition de celui-ci peut s’avérer très coûteuse, et peut représenter jusqu’à plusieurs centaines d’euros par mois. De plus, plus de trois quarts des étudiant.e.s interrogé.e.s ont été contraint.e.s d’acheter du matériel coûteux en début de cursus (ou cela leur a été très fortement conseillé), comme un ordinateur portable performant. Il n’est pas rare qu’ils/elles doivent s’endetter pour se permettre cela. D’autres types de matériel, comme des machines, des imprimantes, du matériel de studio de qualité, sont nécessaires à un bon apprentissage mais font défaut dans plus de 80% des cas, ce qui entrave la progression des étudiant.e.s au sein des ESA. De plus, quand ce matériel est disponible à l’école, il est souvent de mauvaise qualité, en trop faible quantité et désuet.
Conditions psychologiques rudes
Enfin, il est essentiel de remarquer que les études artistiques s’avèrent usantes tant au niveau physique que psychologique. La pression exercée sur les étudiant.e.s est considérée comme importante ou trop importante dans 45% des cas, et celle-ci a des conséquences directes sur la qualité de vie de ceux/celles qui la subissent. Notamment, en ce qui concerne le manque de sommeil en période de jury, pas assez suffisant pour près de 80% des personnes interrogées. Un manque (ou une absence) de suivi médical et psychologique est d’ailleurs mis en avant par les étudiant.e.s, et la moitié d’entre eux/elles a déjà envisagé d’arrêter ses études à cause de la pression et de ses conséquences.
Le constat est sans appel : les conditions de vie des étudiant.e.s en art sont alarmantes, et ne vont pas en s’améliorant, au contraire. La FEF souhaite attirer l’attention sur cette situation effrayante et, face à celle-ci, porte différentes revendications :
– Un refinancement structurel des Écoles Supérieures des Arts fléché prioritairement vers les infrastructures et l’achat de matériel adéquat ;
– Une vigilance accrue quant à l’état de ces infrastructures, dans l’intérêt de la santé des étudiant.e.s et de leurs conditions d’études ;
– Un suivi médical et psychologique régulier et complet accessible à tou.te.s dans chaque établissement ;
– L’accès aux bâtiments aux étudiant.e.s en dehors de leurs horaires de cours ;
– Une meilleure accessibilité au matériel nécessaire à l’apprentissage, notamment pour les étudiant.e.s boursier.ère.s ;
– Une réelle réflexion sur les rythmes de travail, pour que ceux-ci soient plus respectueux de l’étudiant.e.
La FEF tire donc, une nouvelle fois, la sonnette d’alarme en ce qui concerne la situation des étudiant.e.s en ESA : il est temps que les pouvoirs publics prennent les choses en main pour offrir des formations de qualité sans risque sur la santé de ceux/celles qui les fréquentent. Il va également de l’avenir du secteur culturel et des futurs artistes !