
La question du harcèlement n’est est en rien une nouveauté. Même vous lecteur, en ce moment, vous avez à l’esprit une situation de harcèlement que vous soyez du côté du harceleur ou du harcelé. Bien sûr, lorsque nous pensons harcèlement, il nous vient à l’esprit le #MeToo ou #BalanceTonPorc mais il est évident que ce comportement est multidimensionnel. La question fondamentale à se poser est, dans un premier temps, de définir le harcèlement. Cet acte se définit comme une forme de maltraitance qui peut être morale ou physique. Dès lors, le harcèlement commence par un simple acte de réprobation répétée dans une cours de récréation et va jusqu’aux attouchements dans les métros avec les frotteurs.
Actuellement cette thématique est devenue virale au sein de notre société. Mais pourquoi? Nous nous concentrerons donc dans cet article principalement sur le harcèlement au sein de la jeunesse et en particulier du cyberharcèlement. Pour rappel, en 2016, l’OMS révélait qu’en Belgique francophone, 28% de garçons et 18% de filles âgés de 11 ans subissaient 2 à 3 harcèlements par mois. Les autorités mettent ce problème au centre de leurs préoccupations car les conséquences sont graves pour ces jeunes. Cela commence par une diminution de l’estime de soi passant par la phobie scolaire voire jusqu’au suicide comme cela a été le cas pour Thomas, un jeune homme de 17 ans vivant à Herstal. Comme le souligne Florence Delellio dans sa carte blanche : « Par honte, par crainte de représailles, le jeune harcelé a souvent peur d’en parler à qui que ce soit. Par crainte de représailles, par crainte de devenir à leur tour harcelés, les témoins, qui jouent un rôle prépondérant dans le jeu du harceleur, n’osent pas non plus dénoncer la situation. En classe, les professeurs ne le remarquent pas forcément. A la maison, les parents ignorent souvent ce que leur enfant subit ou fait derrière son écran d’ordinateur. »
Pour endiguer ce phénomène, la Ministre Isabelle Simonis (PS) a mis en place une application pour lutter contre la haine en ligne « No Hate » car nous savons qu’un jeune sur trois est victime de cyberharcèlement. La Ministre de l’éducation, Marie-Martine Schyns via son Pacte d’excellence, envisage le développement de stratégie en lien avec le bien-être à l’école dont le harcèlement est l’une des thématiques.
Les réseaux sociaux, dont Twitter, sont ces derniers temps à la fois bourreau et juge. C’est grâce à eux que des femmes, principalement, ont pu sortir du silence et affronter publiquement leurs bourreaux. Si d’un côté, les réseaux sociaux ont donné la parole aux harcelés, il ne faut pas oublier qu’ils la donnent aussi aux harceleurs. Ce cyberhacèlement est de plus en plus préoccupant car la victime ne trouve jamais un moment de répit. Via les réseaux sociaux, les harceleurs peuvent continuer à se moquer, insulter, diffuser des images de cette personne et celle-ci reste impuissante face à ces souffrances.
Comme le souligne la Ministre de l’Education des partenariats entre professionnels de l’éducation, parents, écoles, centres PMS et services PSE sont essentiels. Au même titre que son Pacte d’excellence, elle n’envisage pas le rôle des Organisations de Jeunesse comme primordial aussi pour cette thématique. Au sein de nos Organisations de Jeunesse membres, nous comptons sur la FEL qui, à travers sa campagne « Féminisme – Egalité – Libéralisme » en 2016, a analysé la question du harcèlement et des différentes formes sous laquelle il peut se présenter.
Nous comptons, aussi, sur Délipro Jeunesse développant justement des actions de sensibilisation sur la question du harcèlement. Cette sensibilisation commence dès la maternelle avec leur atelier de massage où les enfants apprennent que le corps de l’autre lui appartient en propre et qu’il a le droit de refuser ou d’accepter la séance de massage. Par la suite, dans les classes de primaire, cette Organisation de Jeunesse met en place des ateliers sur la question de l’attitude sur les réseaux sociaux.
Position de la FEL


Tout d’abord, il est évident que la FEL condamne le harcèlement sous toutes ses formes, qu’il soit physique, sexuel, moral, psychologique, etc. Régulièrement, nous n’hésitons pas à monter au créneau pour rappeler que le combat est loin d’être gagné.
En 2016, lors de notre campagne « Féminisme – Egalité – Libéralisme », nous avons, par exemple, attiré l’attention sur le harcèlement au travail, tant les chiffres démontrent que c’est loin d’être une pratique isolée. Selon l’IDEWE, près d’un Belge sur sept est victime de harcèlement moral sur son lieu de travail (au moins une fois par semaine). Pour le travailleur, les dommages sont alors nombreux : dépression, isolement social, tentative de suicide … Par ailleurs, en tant que fédération d’étudiants, nous sommes particulièrement sensibles au harcèlement scolaire. De nombreux jeunes en souffrent, à un point que certains finissent par mettre fin à leurs jours. Quid de l’action des établissements scolaires, censés justement éviter que de tels comportements se déroulent en leur sein ?
Face à ces constats, durcir l’arsenal juridique représenterait une solution adéquate. Par exemple, le législateur pourrait modifier la loi du 23 juin 2013 relative aux sanctions administratives communales et étendre son champ d’application au harcèlement de rue dont de nombreuses femmes sont victimes. Evidemment, l’outil juridique, seul, est insuffisant pour combattre le harcèlement (difficulté de le prouver), et doit être complété par des actions de prévention auprès des jeunes. D’abord, en tant qu’Organisation de Jeunesse dont le rôle est de former des CRACS, nous avons un rôle essentiel dans la prévention de tels comportements. L’école aussi, notamment en sensibilisant, dès le primaire, les élèves à la problématique du harcèlement et aux dangers que peuvent représenter les réseaux sociaux.

Cette carte blanche est d’une grande maladresse. Les mots choisis sont utilisés d’une telle manière qu’ils semblent minimiser les comportements machistes et violents. La « liberté d’importuner », par exemple, va totalement à l’encontre de l’adage « la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres ». Concernant la « drague maladroite », nous dirons tout simplement qu’il y a une limite à ne pas dépasser, celle de l’irrespect envers l’autre, comme si c’était un simple objet. En outre, en remettant en cause les mouvements tels que #BalanceTonPorc et #MeeToo, ce texte va clairement dans la mauvaise direction. Au contraire, ceux-ci prouvent la force des réseaux sociaux, lesquels ont permis de libérer la parole de toutes ces femmes, qui ont pu se retrouver ici et là dans des situations vécues par d’autres. L’effet de groupe, tout simplement. Enfin, cette tribune aura tout de même eu le mérite de rappeler que tous les hommes ne sont pas des « porcs ».
3) Quel est votre avis au sujet de l’introduction de « cours » anti-harcèlement au programme dans les écoles ?
Le harcèlement et le cyberharcèlement sont l’affaire de tous, et à fortiori de l’école. En tout cas, nous pensons que l’éducation scolaire est la solution la plus adaptée pour combattre cette problématique. Encore faut-il donner aux établissements scolaires les moyens adéquats…
Par conséquent, nous sommes évidemment plus que favorables à un « cours » anti-harcèlement. Nous l’avons notamment préconisé dans notre campagne « La FEL fait son pacte » (bonne utilisation des réseaux sociaux, sensibilisation au cyber harcèlement…). Aujourd’hui, la problématique est largement répandue au sein des milieux scolaires, qu’il est nécessaire de mettre en place des dispositifs permettant de faire face.
Cependant, à l’heure actuelle, il est encore trop tôt pour se positionner sur le réel contenu de ce cours, car beaucoup d’éléments doivent encore être clarifiés :
- Ce cours sera-t-il obligatoire ? Pour toutes les écoles tous réseaux confondus ?
- À partir de quel âge sera-t-il donné ?
- Le cours prendra-t-il place dans le tronc commun ? Dans le cours d’EPC ?
Bref, vous l’aurez donc compris, le flou persiste, même si nous saluons l’initiative.

Vivre sur les réseaux sociaux

Parmi notre panel d’animations, nous proposons un module qui s’intitule « Vivre sur les réseaux sociaux » portant évidemment sur les réseaux sociaux, et dans lequel nous consacrons une partie au harcèlement. Nous y conseillons les jeunes quant à la manière de se comporter sur les réseaux sociaux. Celle-ci doit se rapprocher au maximum d’une attitude CRACS, c’est-à-dire citoyenne, responsable, active, critique et solidaire.
Quels sont les objectifs poursuivis par ces activités ?
Le but est surtout de faire de la prévention et de sensibiliser aux dangers potentiels des réseaux sociaux. Nous montrons aussi aux jeunes qu’il n’y a parfois qu’un pas entre harceleur(s), harcelé(s) et témoin(s), et que chacun doit prendre conscience de son rôle dans cette relation triangulaire.
Un autre objectif est d’insister sur l’importance de la vie privée, c’est-à-dire pouvoir garder des secrets et ne pas tout dévoiler publiquement. Nous désirons qu’après le module, chaque jeune intègre l’idée que l’on doit se comporter sur les réseaux sociaux comme dans la vie réelle, car les conséquences peuvent être exactement les mêmes. Voire pires.
À quel public est destiné ce type d’activités ?
De la 5e primaire à la 3e secondaire. Nous pouvons aussi réaliser ce module (de manière plus poussée) jusqu’en dernière secondaire, mais notre rôle de sensibilisation se complique étant donné les habitudes que les élèves ont déjà pu prendre dans leur pratique des réseaux sociaux à cet âge-là.
Quel est l’impact attendu ?
Que les jeunes se posent les bonnes questions lorsqu’ils utilisent les réseaux sociaux. Qu’ils apprennent à paramétrer correctement leur compte. Au final, les jeunes doivent faire des réseaux sociaux une utilisation intelligente, exemplaire et responsable et comprendre que chaque acte sur les réseaux sociaux entraîne des conséquences.
Quel est votre avis au sujet de l’introduction de « cours » anti-harcèlement au programme dans les écoles?
Cela pourrait être une bonne idée si le chapitre concernant le harcèlement en ligne ne se résume pas à une diabolisation des réseaux sociaux – ce qui serait contre-productif. Ces cours devrait être idéalement donnés par des personnes investies, correctement formées et renseignées, et qui connaissent bien le harcèlement et les réseaux sociaux qu’elles utilisent et analysent ces comportements avec les jeunes. Si un tel cours devait être mis au programme, nous pensons qu’il devrait essentiellement amener les jeunes à réfléchir sur leurs attitudes sur les réseaux sociaux et, plus globalement, sur leur comportement en ligne.
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