Que celui qui n’a jamais goûté de dürüm, ne serait-ce qu’en rentrant de guindaille, me jette la première pierre !
D’ailleurs, qui pourrait résister à une bonne pizza entre amis ? Qui n’a jamais salivé devant un bon poulet tikka massala ? Qui refuserait de goûter des quesadillas mexicains ? Qui ne se lèche pas le bout des doigts après avoir dégusté de bonnes pâtisseries libanaises ou marocaines, à la pâte d’amande, sucrées et moelleuses à souhait ? Et un bon plat chinois ou encore des sushis ?
Les exemples de plats et mets délicieux qui ne sont pas exactement ceux qui se trouvaient dans les assiettes de nos grands-parents ne manquent pas. Si nous sommes fiers de nos recettes locales réalisées avec nos produits locaux (un bon moules-frites, des sauces à la bière, des desserts au spéculoos…), ce n’est pas pour autant que nous négligeons les bons p’tits plats pas d’chez nous, bien au contraire !
Cela révèle quelque chose d’intéressant. Nos papilles gustatives nous incitent à franchir le pas et tester quelque chose de nouveau. Et même si ce n’est pas toujours un succès, cela ne nous empêche pas de réessayer et d’expérimenter de nouvelles saveurs. Tous les plats cités au début de ce texte ont la particularité d’avoir des origines exotiques et de faire actuellement partie de notre quotidien. Tout le monde s’en réjouit.
L’art culinaire : partie visible de la culture
Si je vous dis : « vin et fromage », vous me répondez : « France » ! Si je vous dis « Paëlla », vous me répondez « Espagne » ! Les exemples sont multiples. Ces stéréotypes ou ces images collectives sont la partie visible de la culture de ces pays, voire des symboles, comme peuvent l’être les frites et la bière pour la Belgique.
Or la culture ne se limite pas à ça. Parmi toutes les définitions possibles, reprenons celle de Clair Michalon : « c’est l’ensemble des solutions qu’un groupe d’humains a imaginé pour relever les défis de son histoire [1] ». Selon cette définition, il y a une logique à chaque culture et une évolution reste toujours possible ; la culture ne doit donc pas être envisagée comme un élément figé. L’art culinaire en est une belle illustration : l’être humain a toujours cuisiné avec les ingrédients disponibles près de chez lui. Cela ne l’empêche pas de s’adapter et d’innover.
À la rencontre de la partie invisible
S’il y a bien des parties visibles dans les cultures, il y a aussi les parties invisibles. Pour poursuivre dans le domaine de la cuisine, à table, les comportements peuvent être différents. Les règles de politesse en sont la meilleure illustration : terminer tout à fait son assiette est, par exemple, perçu, dans certaines cultures, comme un manque de respect car cela peut être apparenté au manque de satiété. Au contraire de chez nous, roter à table peut être le bienvenu pour démontrer sa satisfaction. Dans certains pays, on mange avec les doigts dans un plat posé au milieu de la table pour tout le monde. Oseriez-vous agir de la sorte devant votre pauvre maman (ou l’inverse, selon votre culture) ? Elle en serait probablement choquée.
C’est là que se situe l’intérêt d’une démarche interculturelle : dépasser l’émotion en essayant de favoriser la compréhension avec pour objectif d’accepter ce qui fait la diversité. C’est l’enjeu de la société multiculturelle dans laquelle nous vivons aujourd’hui. Pour éviter les incompréhensions qui pourraient mener à de l’exclusion, faisons de la convivialité une règle universelle de notre art de vivre, de notre art de vivre ensemble.
Et pourquoi pas commencer autour d’un bon repas [2] ?
Xavier Manche
Coordinateur du CJD
xavier.manche@cjdasbl.be
[1] Clair MICHALON, Différences culturelles – Mode d’emploi, Sepia, 1997
[2] Le CJD organise des ateliers culinaires dont le prochain aura lieu à Namur le 19 décembre 2015. Plus d’infos en temps utile sur le site internet www.cjdasbl.be