Nous l’expliquons dans la vidéo, les jeunes veulent se faire entendre – malheureusement souvent en vain. Lors de notre campagne « Quelle position ? » (2018), nous avions posé aux partis politiques cette question : « Que proposez-vous pour renforcer et soutenir la participation des jeunes, tant dans les OJ qu’au niveau local, régional, communautaire ou fédéral et européen ? ». Quelle était leur position ? Est-elle la même aujourd’hui, à l’heure des rédactions de programme électoral ? Et comment ont-ils abordé la question lors de notre grand débat électoral du 2 avril dernier ? C’est parti pour un décryptage !
Le point parti par parti
- Pour le cdH, il y a un an, bénévolat et participation des jeunes étaient similaires. Il proposait de mieux soutenir le bénévolat pour favoriser la participation des jeunes. Cela se traduisait notamment par l’organisation de la rencontre entre l’offre et la demande de services volontaires, le prêt gratuit de matériel pour les initiatives bénévoles, la labélisation des initiatives volontaires, la création d’une maison des associations gérée par celles-ci à un niveau local, etc. Il mettait également en avant son soutien à des initiatives participatives telles le Parlement Jeunesse du Développement Durable et l’appel à projets Ecokot. Cependant, peu de nouvelles méthodes de participation des jeunes étaient proposées pour les années futures.
Aujourd’hui, dans son programme, le cdH annonce vouloir également impliquer tous les citoyens dans les choix pour l’avenir en soutenant, entre autres, la systématisation de panels citoyens, ou encore le renforcement du pluralisme et de la diversité des médias. Il souhaite également rendre obligatoires les conseils consultatifs d’enfants, de jeunes et d’aînés au sein des communes. Si le pouvoir politique décide de ne pas suivre l’avis, il devra s’en justifier. - Pour DéFi, il y a un an, la question de la participation renvoyait à celle de la mobilisation des jeunes et de la nécessaire prise en compte de leurs revendications et souhaits. Dans ce cadre, les conseils des enfants et de la jeunesse avaient un rôle à jouer mais celui-ci devait être précisé et leur accompagnement devait être amélioré. Enfin, DéFi était favorable à un renforcement de la mise en réseau des animateurs et des travailleurs de terrain pour que des projets supra-communaux puissent s’organiser tels que « Place aux enfants » ou « Place aux ados ».
Aujourd’hui, dans les lignes de force définies pour les élections du 26 mai 2019, DéFi assure vouloir une participation citoyenne effective sur les questions climatiques. Il se positionne également en faveur d’une révision de l’Initiative Citoyenne Européenne pour renforcer la participation. Cependant, rien de spécifique ne semble prévu pour favoriser la participation des jeunes. - Pour Ecolo, il y a un an, la participation se déclinait en plusieurs points. Premièrement, il convenait de favoriser une meilleure articulation entre les politiques de Jeunesse au niveau local et de la Fédération Wallonie-Bruxelles en renforçant la couverture territoriale des maisons des jeunes, des locales de mouvements de Jeunesse et des centres d’information des jeunes ou encore en valorisant les actions décentralisées et de proximité proposées par les Organisations de Jeunesse et les Centres de Jeunes, etc. Deuxièmement, il suggérait de soutenir les lieux de participation existants et souhaitait les soutenir pour préserver le pluralisme et la richesse de ce que les jeunes mettent en place. Troisièmement, Ecolo proposait l’installation d’une « Maison européenne de la Jeunesse » qui rassemblerait différents conseils participatifs de la Jeunesse. Enfin, il demandait que les consultations populaires accessibles dès 16 ans soient étendues au niveau fédéral.
Aujourd’hui, dans son programme, Ecolo déclare également être favorable à une démocratie qui s’articule autour de la participation citoyenne ainsi qu’à l’abaissement du droit de vote à 16 ans… - Pour le MR, il y a un an, la participation passait par la présence effective et active de jeunes de moins de 35 ans dans les structures décisionnelles des différentes associations – comme c’est déjà le cas dans les Organisations de Jeunesse. Par ailleurs, le MR avait à cœur de renforcer durablement la présence des jeunes candidats sur ses listes électorales.
Aujourd’hui dans son programme, le MR propose également d’étendre la consultation populaire régionale et de développer le système de médiation à Bruxelles. De manière générale, il souhaite recourir à des panels citoyens représentatifs tirés au sort, renforcer le droit de pétition et les mécanismes de participation à l’échelle locale. - Pour le PS, il y a un an, la question de la participation se posait en lien avec le manque de confiance entre le politique et les citoyens, particulièrement les jeunes. Cela se traduisait notamment par davantage de démocratie participative avec le développement du droit de pétition, la création de chambre citoyenne dans les parlements, le dépôt par les citoyens de propositions législatives, etc. Pour les jeunes, les propositions du PS passaient principalement par la mise en place d’un service volontaire ou le soutien à des pratiques de participation effective comme les conseils consultatifs des jeunes.
Aujourd’hui, dans son programme, le PS propose également de soutenir les maisons de jeunes et les centres culturels qui permettent l’apprentissage à la citoyenneté et à la découverte artistique, de poursuivre le développement des politiques locales de Jeunesse, la création d’une assemblée tirée au sort, l’instauration du référendum d’initiative populaire ou encore de solliciter les jeunes via un outil numérique qui collectera leur parole sur des thématiques qui les touchent, etc. - Pour le PTB, il y a un an, la participation allait de pair avec l’abaissement de l’âge du vote à 16 ans et la diffusion d’une enquête annuelle menée par les autorités communales auprès des jeunes pour qu’ils s’expriment sur leurs besoins. Il proposait également un référendum pour les questions les plus importantes en fonction de la demande des citoyens. Finalement, le PTB souhaitait le retrait de la loi sur les Sanctions Administratives Communales et un financement public des associations de la société civile sans restriction budgétaire dans ce domaine.
Aujourd’hui, le PTB propose ce référendum d’initiative citoyenne contraignant si 1 % de l’électorat concerné le demande, la mise en place d’un Conseil de la Jeunesse à chaque échelon de pouvoir qui aura un droit d’initiative au sein du Parlement compétent, l’obligation pour le gouvernement de consulter le Conseil de la Jeunesse pour toute question qui touche les jeunes ou encore via, par exemple, le développement de la cyberdémocratie.
Finalement, comme lors de notre débat électoral du 2 avril 2019 sur l’avenir du secteur Jeunesse, l’ensemble des acteurs s’accordent sur la nécessité d’une plus grande participation des citoyens et citoyennes [1].
[1] Pour chaque question, un parti n’avait pas le droit de s’exprimer lors du débat. Pour celle liée à la participation, c’était le cdH.
Pour le PS et DéFi ce jour-là, cela se traduisait par une plus grande présence des jeunes dans les partis mais également par le développement d’outils participatifs pour réconcilier les jeunes et le politique. DéFi, le MR et Ecolo considèrent que le cœur de l’action se situe auprès des Organisations de Jeunesse qui ont, avec l’école par exemple, les clés pour augmenter la participation. Le MR proposera plutôt des collaborations au niveau des infrastructures avec le privé. Le PTB, quant à lui, est resté dans la droite ligne des propositions présentées ci-dessus.
Ce que revendique Relie-FSur base des réalités de terrain des Organisations de Jeunesse et d’un processus de co-construction du mémorandum, Relie-F a émis différentes revendications visant à favoriser la participation des jeunes au travers, notamment :
- de la création d’un nouvel organe d’avis :
- qui soit réellement opérationnel et qui ne rentre pas dans le jeu de la pilarisation ;
- qui implique les Organisations de Jeunesse ;
- du soutien à l’implication des jeunes dans toutes les strates de la société ;
- du renforcement des mécanismes de participation des jeunes au sein du secteur Jeunesse :
- en reconnaissant les pratiques existantes et leur diversité dans le travail réalisé par les Organisations de Jeunesse ;
- en clarifiant le terme « participation » dans le décret « Organisations de Jeunesse », via la création d’un référentiel commun entre ces Organisations et l’Administration du Service Jeunesse ;
- en instaurant des dispositifs participatifs décisionnels par les jeunes pour les sujets qui les concernent.
Mais aussi par le soutien des pouvoirs publics à une Jeunesse mobilisée via, notamment :
- la lutte contre toute forme de loi liberticide avec, par exemple, la fin des sanctions administratives communales ;
- l’intégration de la mobilisation des jeunes dans les missions décrétales des Organisations de Jeunesse ;
- un réel travail de valorisation de la chose politique dans le cursus scolaire des jeunes.
Retrouvez les photos et le PV de notre débat électoral ici.
Retrouvez notre outil d’analyse « faites vos choix ! » qui décrypte les positions des partis sur chaque matière Jeunesse.