Mardi 22 Mars, 16h00. Après avoir vécu suspendus des heures durant aux flux continus d’informations déferlant sur les ondes, nous prenons la décision de couper la radio. Le bureau respire enfin. Un interminable concert de sirènes comme seule trace d’une journée que l’on ne pensait jamais vivre, sans vraiment y croire. Les hommages pleuvent de toutes parts et c’est avec une certaine appréhension que l’on se projette dans les jours, les semaines à venir. Avec, encore et toujours, cette question qui résonne d’un drame à l’autre : que faire pour stopper cette vague de terreur?
Personne ne peut avoir la prétention d’y apporter une réponse claire et définitive. Chacun y va de son couplet sur la fin de Schengen, sur le renforcement des mesures de sécurité, sur la fin de l’impunité. Cette escalade sécuritaire est inévitable, mais n’a pour seul objectif de rassurer une population qui, finalement, vit cette situation avec un certain détachement. Personne n’est à l’abri, mais personne n’a vraiment envie de passer le restant de ses jours coincé entre quatre murs.
Mettre des portiques à l’entrée de toutes les gares et tous les aéroports du royaume, est-ce vraiment une solution sur le long terme? C’est dangereusement sous-estimer l’imagination et le sens de l’improvisation des terroristes. Nous avons tendance à penser que même si la situation justifie certaines mesures radicales, c’est ailleurs qu’il faut chercher des réponses. Et oui, cela prendra du temps.
L’éducation, couplée avec une politique d’intégration qui sort du cadre de la récupération, n’est-elle pas la véritable réponse à cette poussée des radicalismes en Europe ? Et si le « vivre ensemble » n’était finalement pas qu’un concept vide de sens, que l’on renvoie volontiers à la gueule du premier « citoyen du monde » venu. A travers le volontariat international, notre mission n’a jamais été d’envoyer de jeunes aider des populations dans le besoin. Ce n’est pas leur rôle, ce ne le sera jamais. Le véritable objectif de notre action a toujours été de rassembler les cultures à travers l’engagement associatif. Une forme non formelle d’éducation comme arme de destruction massive des préjugés, en quelque sorte.
Partir découvrir une autre culture, se l’approprier, sans pour autant oublier la sienne. Comprendre la différence sans pour autant remettre complètement en cause son système de valeurs. Croire en la dissémination positive, croire qu’il n’y pas que les discours de haine qui se propagent sur les réseaux sociaux. Croire au pouvoir d’un sourire, croire au pouvoir de l’empathie, croire au pouvoir d’un regard franc. Croire que, oui, nous pouvons vivre ensemble et que, oui, il y aura toujours des imbéciles qui auront intérêt à nous faire croire le contraire, quel que soit leur camp. Elle est là, la raison d’être de notre organisation et de notre engagement. Cela passe par la jeunesse, cela passe par l’exemple et cela passe par l’acceptation des limites de notre action.
Non, le volontariat international n’est pas la solution aux problèmes auxquels nous faisons face. Mais si à travers les centaines de volontaires que nous accompagnons chaque année nous réussissons à légèrement influencer le curseur de l’acceptation de « l’autre », on pourra dire que l’on n’a pas perdu notre temps.
Pour le SVI
Nicolas Curri